Mario Marzari, La regata della vela latina, Sassari, Carlo Delfino editore, 2000, 211 p., ill., env. 100 000 L.

Dans l'espace d'un an viennent d'être publiés deux ouvrages sur la voile latine. Le premier, en italien, est celui de Mario Marzari journaliste nautique récemment disparu, grand spécialiste de la mer Adriatique, photographe remarquable, auteur de nombreuses publications et articles sur les voiles traditionnelles d'Italie et de Méditerranée.
L'autre ouvrage, en français, est du à Pierre Blasi. L'auteur avait déjà publié chez le même éditeur en 1999 Et voguent barquettes et pointus…
Sans trop exagérer, l'événement est remarquable. A part quelques articles souvent excellents, jusqu'à présent (à notre connaissance) pas ou peu d'ouvrages ont été écrits sur ce type de gréement et sur les coques qui les portent. Etrange paradoxe éditorial pour un système de propulsion vélique qui a hanté les mers du monde, et surtout la Méditerranée d'où elle est issue, depuis la Basse Antiquité jusqu'à nos jours.
Il a fallu attendre les années 2000 et 2001 pour que deux livres sur la question paraissent enfin; mais la différence entre les ouvrages est tout de même importante.

La documentation de Mario Marzari est, pour une très grande part, orientée vers la pratique contemporaine de la voile latine en Sardaigne. Et notamment, comme l'indique le titre, les premières pages et photographies présentent les célèbres régates estivales pratiquées à Stintino (Nord ouest de la Sardaigne). Mais, pour retracer les origines, le livre de M. Marzari fait également le point sur les débuts de la voile latine (graffiti antiques et médiévaux) et détaille les caractéristiques techniques de ce gréement, de nombreux plans, schémas et photographies illustrent le propos. Une partie historique rappelle l'usage de la navigation traditionnelle en Sardaigne, et là également des photographies du début du XXème siècle proposent un panorama nautique du passé récent de l'île. L'auteur commente la typologie des embarcations sardes, la construction contemporaine, des dessins et des photos complètent le propos.
M. Marzari achève l'ouvrage avec un important album, très détaillé, des embarcations contemporaines sardes et de quelques autres venant de Naples, de Catalogne et de Tunisie. Les photos (et souvent des croquis techniques) montrent la grande diversité des barques, la dynamique des équipages et leur enthousiasme dans une pratique réellement vécue, sans nostalgie ni ostentation. A noter aussi la présence et la continuité millénaire (déjà signalée sur un hypogée sarde sous formes de graffiti datés du IVème siècle av. J.C.) de ces fassoni sortes d'embarcations faites de roseaux et destinées à circuler sur les zones lagunaires (comme sur le lac Titicaca au Pérou).
Un ouvrage remarquable, à recommander en tout point.

 

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